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Amarre
Une marrée toxique se propage en moi , disloquant sur son passage les cellules tueuses affamées mais aussi les cellules pantouflardes pacifistes. Dommage collatéral, c'est toujours cette explication de réserve dans la bouche des combattants pour se déculpabiliser des massacres de guerre. Il fait noir. Le sombre recouvre cette mer déchaînée. Le haut-les-chœurs n'est pas celui des mousses aguerris des bastingages, mais le haut-le-cœur du stomacal en débâcle que l'on entend dans la nuit. Sur le pont, mine grise et les yeux rouges, je m'efforce de ne pas passer par dessus bord, mais c'est si tentant... Par temps de tempête le plus petit foc est dressé. Et ce "tourmentin "ce gonfle au vent déchiquetant. Je suis là, lasse de ces tourments de ce traitement, et je me penche sur le foc dont la bordure descend au plus près du pont. Ce foc s'appelle un génois. et me voilà ardente, c'est un feu génois qui m'assaille, me brûle. Je saute dans cette mer agitée pour attiédir les braises. Se laisser aller sans respirer au plus profond de cette étendue inconnue...
Mais c'est sans compter les gens qui m'aiment. Une corde virevoltante me gifle la joue. Une amarre, mon amour me tend ses bras. Et je m'accroche, je me hisse, je fournis mes dernières énergies pour retrouver celui qui me sourit à la vie. Amare, aimer celui qui vous offre son amarre. Un amant, un fils, une amie, un frère, une sœur ... Aimer la vie. Le soleil revient toujours. Le navire vous mène là où l'on veut qu'il aille. Ne pas se laisser dicter une voie, mais choisir son chemin. Une marrée toxique a voulu s'emparer de mon corps, mais une vague salvatrice m'a montrée le chemin de la vie.
Mugi.