Songe sous une pluie d’étoiles filantes
Mes cheveux ont gardé l'onde soyeuse de ces cristaux de glace, chevelure en crinière offerte au vent mistralien et à cette pluie sidérale venant du Pôle nord céleste. Les draconides pleuvent en essaim de météores dont le radiant, le point de voûte céleste, s’augure dans la constellation du dragon. Ptolémée a su inventer cette constellation malgré des étoiles en faibles halogénées. Ce soir les filantes qui la traversent, brillent de mille diodes incandescentes.
Elles ont semé dans mes sillons, les semences qui font le blé chaud et la toison d’or. Jason et ses argonautes auraient prophétisé leur quête, cette nuit, pour ramener de la gueule du dragon cette chevelure si convoitée.
Mes cheveux ont gardé cette nuit, l’onde soyeuse de ces filantes poussières en cristaux de glace… Je songe sous une pluie d’étoiles filantes.
En Terre Adama les arbres sont les maîtres des eaux. Tantôt accroché à la falaise surplombant les ondes,
tantôt solitaire vieux sage récipiendaire des vents,
en bande bordant et protégeant les rivages crochus,
en géant penché pour sentir le large.
Et des fois accroché comme un lierre sur une sculpturale roche en Capitaine Némo,
échappant aux abysses et sondant la grève en galets déchus pour mourir sur la plage en bois flotté ballotté par les flots, rythmé par les remous, lissé par le temps.
Gris mais encore vivant.
En Terre Adama les naïades sorties des eaux rendent grâce à ces arbres gardiens des terres, phares de leur voyage,
elles s'y raccrochent comme vérité de leur conscience, comme bonheur de leur existence.
En Terre Adama le Graal existe comme la vérité et le Bonheur. Il suffit de tendre la main et d'ouvrir les pupilles. Elles et Ils nous paraîtront peut être noirs au premier abord mais la lumière s'y glisse et s'engouffre. Là réside le chemin, la quête.
Le seuil est là, à portée d'une main. Tournez cette poignée, osez le premier pas
et portez son corps nu, léger et frêle comme se déplacerait une reine sur l'immense damier, échiquier de la vie.
Une étoile veille dans ce firmament. Traine de voies lactées, elle montre le chemin et tisse le fil d'Ariane. Vague écarlate dans la verdure de l'été, les étoiles brillent et nous révélent le passé lointain des autres galaxies. Les saisons passent, s'entremêlent et nous ne faisons qu'avancer.
"Qual farfalla innamorata
Va girando intorno al lume
La speranza del mio core"...
"Comme le fait un papillon amoureux
l'espoir qui règne en mon cœur
tourne autour de la lumière"
(Zenobia in Palmira)
Les dunes de sable, amoncellement de grains dans la fournaise de Piscinas, s'y réchauffent par monticules. Région désertique et pourtant c'est mon coeur qui sèche au pied de la Baume.
A des lieux d'ici, Il doit sentir les grains chauds sous ses pieds nus mais c'est l'absence de sa source qu'il piétine. La
fraîcheur venue des montagne n'est pas là. Et moi j'essaie d'être ce caillou pas assez réduit pressé érodé entre mer et plage. Mon ombre s'allonge mais ne le touche pas.
Accumulation de sables, de grains réunis, accouplés par le temps qui passe. La source se tarit sans son puisatier. Son caillou lancé dans les eaux n'arrive pas à se fondre dans la masse de ces reliquats de granit ou de quartz.
Piscinas est une étendue de sable truffée de buissons parfumés de lentisque et d'une "terre" d'Hermes porté par un sourcier devenu puisatier. Pourquoi cette flagrance dans ce désert perdu ? Il cherche ce que sa source lui a dit de quérir : les roseaux au vent pour y tendre son oreille. Cueillir les frissons des roseaux se courbant, se pliant sans jamais se briser au vent. Cueillir le secret perdu.
Les dunes de Piscinas, secrètes , désertiques les plus hautes de cet ancien continent séquestrent un temps, dans sa clepsydre, le coeur du puisatier.
Je ne sais combien de grains vont filer sous ce sablier Sarde, de roseaux courber sous la bise, mais je vacille sous la soif et ce temps qui s'égraine lentement.
Les grains de sable s'amoncellent dans cette étendue lointaine. Et les dunes de Piscinas restent insensibles au chagrin
d'amours. Intemporelles. Un grain de sable, un seul et l'équilibre peut être rompu, enroué. Mais le vent est là, il déploie mes secrets dans les allées de lentisques, ces arbres au mastic ou
pistachiers des maquis. Les roseaux ploient mais ne cédant pas, je sais, qu' Il reviendra.
Ma chatte se meurt, elle agonise mais elle ne veut pas partir. Elle me suit en embrassant le sol toutes les deux pattes chancelantes. Cette nuit elle a réussi à venir embrasser mes pantoufles au pied de mon lit, elle voulait être auprès de moi mais son odeur qui la ronge, la décompose était trop forte, pestilentielle. Je luis ai fait un nid d'amour avec ma petite couverture d'été et l'ai remise dans son panier, en espérant que mon odeur couvre celle de la mort. J'en ai eu la chiasse toute la nuit et encore ce matin.
Alilou se meurt, elle agonise mais ne veut pas partir. Ce matin elle m'attendait dans le couloir, à la vue de ma pantoufle, elle m'a miaulé et elle continue à toujours
vouloir me suivre. Je l'ai remise dans son panier et la transporte là où je vais. Je me souviens d'il y a 16 ans quand je suis venue adopter sa fille née de traviole. Tous ces frères et sœurs
pimpants de vie et de grâce féline déjà adoptés. Et ce petit être bossu, la queue en tire bouchon, la S.P.A. allait l'a piquée faute d'adoption. Mais j'étais là, en ouvrant mon panier pour y
mettre sa fille de guingois, c'est elle la mère qui a sauté et m'a choisie. Je suis reparti avec Bouchon et Alilou.
Ma chatte qui m'a choisie se meurt, elle agonise mais elle ne veut pas partir. Le dilemme de l'euthanasie me poursuit. Alilou n'a jamais supporté les vétérinaires, je n'ose
l'amener de peur qu'elle croie que je ne veuille plus d'elle. J'hésite de le faire moi même comme je l'avais fait une fois pour ma vielle chatte Picasso de 25ans rongée par un cancer
facial.
Elle ne souffre que de ne pas vouloir partir et de ne plus pouvoir me suivre.
Ma chatte se meurt, elle agonise et elle ne veut pas partir. Trop de secrets entre nous, de caresses et de ronronnements. Je dois la laisser partir et je ne sais comment.
Elle est partie, emportant une partie de moi. Qu'il était bon de partager le même totem...
Quand les fleurs du mal déploient leur incandescente et éclatante teinte, mon âme en peine repeint sur ses bleus, ecchymoses de ma vie, les chatoyantes peintures. Je cesse, alors, de m'évaporer aux quatre vents et, le Baume au coeur je deviens plus Vivace.