Le Puisatier et sa Source se coudoyaient sur la sente. Jusque là cette petite voie sauvage était empruntée par les seuls porcs sauvages. Elle serpentait entre argelas, mares boueuses, mousses retroussées et pins crochets.
Silencieux les amants réunis, ressaisis des malheurs passés, gravissaient la montagnette. Ils souriaient malgré l'effort, les griffures, les gerçures. Le soleil à travers la futée les guidaient.
Le sombre construisait leur passé. La lumière bâtirait leur avenir.
Le paradis enfin ! La sente s'étalait non plus sur de la terre noire mais sur du calcaire blanc. L'azur les narguait. Ils scrutaient l'horizon vers le midi, vers la montagne de la Baume. Le puisatier et la source espéraient saisir leur domaine, leur Opedette. Mais c'est Orgnon qui surgit.
Mars, dieu de la Guerre, dominait jadis cet oppidum. Et depuis ce premier millénaire, les chrétiens en firent leur hôtel de sacrifice. La croix voulait dominer les Hommes. Les terres arides n'y échappaient pas. Esclaves d'hommes avides et cupides sous prétexte d'un Dieu Unique.
Dans cette multitudes de vallon se chevauchant, sur cette falaise, les Amants s'initiaient fébrilement à cet ordre nouveau. La rivière au fond grondait. Devant se dressait Orgnon un domaine, un Seigneur...
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