« L’ombre est quelque chose d’inférieur, de primitif, d’inadapté
et de malencontreux, mais non d’absolument mauvais. » « Il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non
pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension.» C.G. Jung « l ‘âme et la vie »
La part sombre que nous avons en nous est le moi caché, secret. Celle que l’on voudrait que pour soi
sans railleries, sans éclaboussures, sans jugements du regard des Autres … Les autres et le paraître sont peut être dans la lumière mais une lumière filtrée par des siècles de moralismes et de
conjonctures fluctuantes de moralités. Au fil des modes, des politiques voire même des climats, la moralité a cette capacité de mimétisme des caméléons pour se confondre à celle du moment…elle se
targue en général d’être avec les plus forts. Et la plus part d’entre nous, les lâches que nous sommes, resteront dans la girouette du vent, persuadés d’être du bon coté de la rive, niant
toutes autres vérités et se feront, de ce fait, dictateurs, totalitaires, bornés, dogmatiques... Les braves, eux, les téméraires, les fous, les illuminés essaieront de comprendre les changements
et les variations de lumière et pourront avancer sans remettre en doutes les espérances des autres mais en rayonnant la quête d’une spiritualité tout autre. A une
époque noire de nos civilisations de lumière, Il était bon de les brûler ou les exiler dans des ghettos … les obligeant à se regrouper dans des confréries secrètes et cachées aux yeux des
communs des mortels. L’ombre des damnés. Mais même, à ce niveau d’ombre, existent aussi des iluminati et autres dictateurs de croyances farfelus et dogmatiques … Imbroglios … l’ombre et la
lumière s’insinuent main dans la main.
Qui est dans l’ombre ?
Qui est dans la lumière ?
Il ne faut pas croire qu'en ce moment tout est clair. Bien défini… Dans notre société
républicaine existe des ombres et des lumières. La burqa est là, à la porte des urnes. Et notre chère laïcité offusquée, criera au scandale. (Légitime dans notre constitution républicaine.
On a bien gagné notre bastille et décapiter nos rois pour séparer l’église de l'état !) Mais pourquoi elle s’accommodera alors de la soutane et autres voiles de nos sœurs en
cornette ? Peut être car « plus historiques ou plus dans le décor ou plus dans nos mœurs »… Sombre Marianne, sein nu portant le drapeau, droit de vote des femmes en France
1944 …Un remerciement peut-être pour leurs actions dans la résistance …
Au fond cette ombre permet les ébauches et la vie. On taille à grand coup de couteau dans la
masse et les copeaux tombent au fil des siècles comme peau de chagrin sur la recherche du pur, de l’esthète et de la perfection… Archaïque, réflexe de marche du nouveau né, l’ombre que l’on
côtoyait neuf mois durant, effacé, gommé d’un trait de lumière éblouis par une naissance sanglante, cri du nourrisson, chassant cette même ombre dans le profond de son moi, recroquevillée refus
d’une marche en avant, le nouveau né se referme, son ombre reste en lui secrète évoluant en parallèle à la mise en lumière de son être dans le monde.
Le moi civilisé prends le commandement du moi archaïque. Bestial on devient homme. A
L’ombre : la bête, le loup. En nous : sombre héros, l'anti-héros. Et à la lumière : l’homme civilisé, l’agneau vient de naître … au jour : bel héros en habit de lumière,
héros universel. Mais l’un sans l’autre il n’y aurait rien qu’un trou noir, un néant … Qui est conscient de cette part en lui ? Lui est-elle nécessaire pour s’élever et chercher les
vérités de par le monde ? Peut-être, Le chevalier Kadosch qui ne la nie pas mais la réconforte. Il la berce. C’est son chemin vers le pur et la perfection. En être conscient,
c’est se rendre serein. De sa charge, il en ferra son destin. De sa part archaïque il s’élèvera d’avantage vers l’accomplissement intégral de son moi. Il atteindra la lumière en projetant son
ombre sur son chemin.
« Faut il sortir de l’ombre pour pouvoir exister ? Ou vivre en restant
caché ? »
Prenons par exemple : l’écrivain. Il est dans la lumière des projecteurs et la mire des critiques. Il en
vit.
A l’ombre tapit, secret, sans nom : le nègre. Lui est dans le noir des projecteurs et un intouchable des
médias. Il en vit aussi.
Mais, alors, qui donc a fait l’essence de ce livre? A l’ombre des lettres sur la page blanche se dessine
cursive l’histoire ou une morale, un drame ou une comptine, une vérité ou un mensonge, l’histoire ou le devenir… Et que restera –t-il du contenu du livre et même des auteurs ? Une éternelle
reconnaissance ou des lettres effacés oubliées, perdues sur des étagères débordantes de poussières à l’ombre d’un livre fermé ?
Oublierons nous un jour la Bible ? Et quel est donc ce nègre qui l’a écrite ? Sombre genèse de
l’humanité entre un Noé et son arche, Gomorrhe et Sodome, des enfants premiers nés égorgés et des crucifiés… Je préfère ces nègres, ces Lucie peut-être, ces néandertaliens des grottes rupestres
où à l’ombre d’une mèche, la vie dansait sur les parois. Aucun droit d’auteurs dessus. Le trait du charbon de bois, noir épais, éclairait les parois rocheuses aux grès des saisons et des
troupeaux qui passaient… La genèse de notre histoire commence là : l’humanité esquissé dans la pénombre secrète d’une Baume. Uniquement réservé à l’élite en patin et couvre chef obligatoire
maintenant. (Sauf pour un président qui ne portera pas sa Charlotte)… A l’ombre, cette écriture fleurissait, à la lumière, elle moisît.
Où j’erre ?
Je me relève et j’avance dans la lumière. Gardienne de mon ombre collée à mon talon. Je laisse au sol mon
passé… « Arriverai-je ? Chevalier Kadosch !».
Le sombre qui est en nous, fait parti de nous, rien ne sert de le renier. Il
est ce chevalier noir aux aguets. Libre à nous de l’ignorer ou d’aller le débusquer. Il pourra s’exprimer plus ou moins violemment ou avec douceur. Il n'est pas relié à jamais comme
notre ombre à notre semelle , piétiné, laissé parfois à l'abandon, en friche ou en tempête … C’est le sombre, non pas le double schizophrénique, mais sa moitié plus ou moins
déclaré.
Il vit en nous et rien ne sert de le ranger dans un placard. Si tu caches cette partie
sombre c'est que tu es fâché avec la lumière et donc la vie. Peter Pan a retrouvé sa partie sombre grace à Sandy. C'est le monde des grands qui le faisait fuir pour rester
enfant, éternelle jeunesse. Il devient un Homme quand il laisse Sandy lui recoudre son ombre. Le sombre nous fait grandir comme un tuteur à la vie de lumière. Il nous permet de passer
de la prime enfance à l'adolescence et à l'âge adulte. Le sombre ne doit pas faire peur, arrêtons de se voiler la face ou d'avoir des nyctophobies. Le sombre fait peur mais c’est
l’ignorance qui déclenche cette peur car l’environnement est obscur et l’on ne maîtrise pas l’inconnu.
Dans le sombre : il peut y avoir une fleur d'ancolie comme une ronce d'ortie !
Mais dans les deux cas elle nous permettra d'avancer et de découvrir. Explorateur de royaumes
inconnus... Nous marchons sur un chemin où le sombre se dévoile et devient lumière et derrière nous l'ombre recouvre notre avancée.
Le sombre est notre passeur, la lumière notre voile. Notre souffle nous fait avancer.
C’est vivre avec notre coté sombre.
Amarrer notre courage en nous et notre envie d'avancer vers le sombre ... Aimer la
vie.