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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 15:10

 

 

Sereines,

Devant l’âtre, Elles ne se lassent.

Sur la peau d’albâtre, Elles se pâment.

Reines.


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Langueur au cœur et Tendresses de caresses,

Leurs amants, en faîtes, Parfaits charmants.

Le feu crépite. Embaumeur.

La flamme semble éternelle, jouvencelle chaleur.

Le temps, un instant cristallisé

Dans cette pause café.

Squames,  toxines, lésines

La source bouillonnante les a lavées, les a remises

Hors de ces dermes désormais adoucis

à peine crépis. La vie sourit.

 


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Sereins,

Les amants enlacés

 Butinent les douces pensées.

Sages, tendres et pourtant

Dort là haut l’enfant.

Diamantin.

 


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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 19:57

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 09:56

puits-auvergne-CB.jpg

 

 

 

Au milieu d'une terre sans labour presque vierge,

une source discrète s'écoule en mélodie d'arpèges.

Un sourcier tenace en quête d'un parfait adage,

élève son rameau, preux noisetier sans ambages.

 

Le sourcier devenu puisatier, posa son soc,

dans cette glaise jamais retourné sans roc.

Labourer cette terre presque sans accroc.

Pour y faire jaillir cette eau, y déposer son broc.

 

Creuser, ruminer, y laisser sa sueur, sa peine.

Excaver les rancoeurs, la source se fait abyssine.

Jour après nuit, il approfondit sa taille, sa veine.

La source se fait donzelle, capricieuse et mutine.

 

Néanmoins elle devient sa source, sa muse et son huis.

Elle ne peut vivre et se montrer qu'a travers ce doux puits.

Jours après jours, le puisatier sur sa frêle margelle, il prend appuis.

Et l'abreuve à son tour de son essence de vie, il est mort le maquis.

 

La semence est enraciné , elle se hisse fragile mais sereine.

L'arbre de vie s'abandonne complètement libéré de sa peine

Siècle après siècle, des Rébecca et des bonnes Samaritaine, 

puisent leur eau dans ces puits, elles ne sont plus des béotiennes.

 

Pillés et Puisés, des puits sont devenus secs, sans amours.

Des déserts se sont dressés en dunes peut être pour toujours.

Empoisonnés même par des fous de guerre, des vautours.

La source est secrète, fragile. Son refuge est son puits, sa tour.

 


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20 novembre 2010 6 20 /11 /novembre /2010 21:15

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18 septembre 2010 6 18 /09 /septembre /2010 18:44

DSC 0411

ESPRIT TRISTE

""Mon esprit Rode la bas il est triste.

  Mais, par toi, il espère que tu le bercera, que tes mains et ta bouche le consolera de n'être que ce qu'il est, que tu l'accueilleras pour oublier qu'il n'est pas toi..." " (SL)


Je t'espère sur cette terre sacré. Sous ce chêne je rêve de te consoler, de te bercer, de t'accueillir mais pour être Toi simplement.

Tu n'es pas moi et mon esprit est triste de se butter sur cette coquille pleine, unique esprit, libre esprit... Sauf, peut-être quand tu me berces de ce secret suriné au creux de l'oreille. Là, tu es moi et moi, toi. En moi, en toi, esprit unique d'un sephirot éblouissant, rayonnant... Nous sommes.

 

Mon esprit est resté avec ce Chêne Vénérable, ton esprit rode. Laisses le te happer dans son Hora, dans ses bourgeons, ses racines, reviens dans ce monde de terre, illuminé de cieux généreux, reviens moi.

 

photos-fleurs 1004 (2) - Copie

 

Et voila le puisatier dans sa coquille pleine. Dans sa grotte.

Tant pis. Je toquerai jour après jour.

Je laisserai glisser ma tristesse sur les parois humides et froides de sa caverne noire. Et sur la nacre de sa coquille, elle ruissellera.

Gouttes âpres après gouttes, larmes chaudes après larmes, les feuillets de ce derme calcique se dissocieront. Dissoutes en poudre, sa morosité et sa tristesse se piétineront avec la poussière de sous ses talons. Elles rejoindront l'antre de la terre ou si, par grand vent, voleront dans les cieux et pourront polluer les autres continents. Loin de lui, de moi, de nous.

 

Le voila encore seul, solitaire et moribond. Et de ce fait me voila encore seule, solitaire et moribonde. Le puisatier cherche la clef. Mais il a fait un trou dans sa poche. Sa source coule à ses pieds, genoux égratignés, eau trouble dans cette poussière et glaise gluante. Elle cherche son puisatier détenteur de sa pureté. Ce n'est plus elle l'encavée mais Lui. Et sil tarde trop ils seront deux.

 

Je toquerai jour après jour.


CSC 1025 - Copie

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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 08:58
DSC 1735 - Copie (2)
 
tac tac fait la pluie sur les persiennes azurées, puisatier es-tu là ?
tac, tac....tac..........tac.............tac..........        .
mais il n'est pas là, seuls sont ses amis les chats.
il est parti sous la pluie vers la grande ville, écouter un Opéra.
Sa source ruisselle sur ces persiennes azurées, elle ne le rencontrera pas. Elle dégouline, les mains de son puisatier ne la retiennent pas.
 
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Elle s'en retourne à la terre, suivre la chute, suivre le ruisseau, suivre l'Huveaune, elle dévale la colline, dégringole ...elle arrive enfin à la grande ville, se jette dans le vieux port. La mer.
 Elle voit les feux de l'opéra, mais il est trop tard, le rideau est tombé.
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Ce soir il est avec sa belle et tendre, manger des oursins et autres crustacés. Il rentrera bien tard, il remontera le cours d'eau, vers la colline, vers ses amis les chats. Diront-ils que la source à toqueter à l'huis des persiennes ?
La source est perdue, elle se noie dans cet étendue marine, comment retrouver son lit, son nid, son trou de mousse ? Le sel, des trop plein de larmes, la brûle. Où est la douce mélopée , le doux regard de son gardien ? La source ferme les yeux...Elle se tarde d'être à demain...quelques minutes...

 

La voila elle remonte , telle une truite.  Elle connaît la route de sa naissance, son GPS, c'est son puisatier, elle sent son odeur de Terre.
 Elle prie Hermes, pour un voyage sans trop d'embûches. Elle cherche l'embouchure, elle ne doit pas se disperser dans l'étendue salée. Elle doit retrouver les plages sud de cette cité phocéenne.
 
30-Depart-20de-20nuit-20du-20Vieux-20Port-20vers-20les-20Il.jpg
 
Le Parc Borély est là, à deux brasses à peine. Elle sent cette urgence de retourner à sa résurgence au plus vite. Car Son puisatier s'échine, se tue à la tache, il creuse, il ex cave des tonnes de gravats. Elle ne veut pas le voir affouiller pour ne trouver que des vers, rongeurs de chairs, des boues collantes et puantes. Elle ne veut pas que son cercle de lumière se confonde au chat d'une aiguille. Elle veut qu'il cesse de se morfondre à ne voir creuser que sa propre tombe.
Elle doit remonter cet Huveaune en colère. Aprés toutes ses pluies diluviennes, le fleuve parcimonieux est devenu un fleuve rageur, il emporte avec lui toutes les haines, les pollutions, les rages de ce monde en perdition.
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Hermes ! Donnes lui tes ailes pour contourner tous les remblais des puits creusés. Donnes lui la force nécessaire pour retrouver son nid de mousse. Elle doit avant la nuit retrouver le fond du puits, le noyer, remplir la  poche de son puisatier et ainsi saisi, elle pourra le dresser jusqu'à la lumière.
 Entends-tu de nouveau les oiseaux ? Voix-tu à nouveau l'astre chaud ? Puisatier attends-moi, espères moi, j'arrive.
P1020601

"Elle a bien fait de courir pour remonter la colline, de braver l'Huveaune en colère, de s'être un moment noyer dans l'étendue de larmes. Elle n" a pu venir avant le couché de l'astre de lumière, mais qu'importe puisque maintenant ils sont unis. Et avec cette nouvelle rencontre, la nuit ne sera plus reine, le noir profond du puits et de la nuit laisse place au trait de lumière tracé par leur amour. Ils rayonnent, se réchauffent, la vie revient. Que ces caresses de caresses sont de plus en plus palpables... "
DSC 1751 - Copie

 

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 20:16

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On aperçoit la vielle ville et le clocher fend le ciel égaré,
On aperçoit   la maison de l'architecte et les volets restent fermés,
On aperçoit l'azur dégagé et les nuages boudent, loin, comme évaporés. 
Il me semble que le temps est doux,
il me semble que tu es loin, sans nous.
Il me semble que la bise chatouille les aiguilles de ce pin,
il me semble que je suis loin de toi, j'ai faim.
Il me semble que la terre ne tourne plus, tragiquement,
il me semble que le " semblant" que tu me demandes toujours t'épouvante finalement...
On coudoie  le vieux clocher et la ville à ses pieds,
le cabinet d'architecte et ses volets  clos comme barricadés 
l'azur et sa monotonie de bleu délavé. 
Il me semble que tu n'es pas Là
et que tu ne me le dis plus : Là !
Il semble et il s'avère que le temps s'adoucit dehors.
Il semble que de loin on ne peut s'offrir  l'or.
Il semble que la bise se montre chatouilleuse sur ce pin.
Il semble que loin on ne représente que notre propre faim.
Il semble que la terre enfin s'arrête.
Il semble, non, ne dits plus rien,  arrettes...
"en toi,
là,
terre promise,
paradis perdus ,
contre ton épaule, ta hanche,
là,
sentir ta vie contre moi ,
ton désir,
ton souffle,
ton âme offerte,
ton corps tendu comme l'arc,
finir en toi comme la vague sur la gréve,
là; en toi."
Il semble que ce semblant n'existe pas
car toi et moi, moi en toi et toi en moi , Là,
en ce moment, la vie s'arrête, dans cet indéfinissable Nous.
Rois, Princes, Séphirots, nous sommes le tout.
L'indéfinissable Amour, le Graal tant chéri , désiré.
Là, il semble que tout devient vrai, dans ce murmure du secret.
"Je t'....".
son-secret
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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 20:09

DSC 0318-copie-1

" Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste... Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m'ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde. "
C'est le silence de l'absence et l'absence, l'essence même du silence.
Nous étions là, nos sens en éveils, nos regards affutés, nos non-dits criant de vérités, nos secrets bien cachés, nos mots cinglants, notre au revoir en abattoir de caresses... Le ciel était bleu et dans un coin, assailli de nuages gris lourds de tourmentes et de larmes. Le massif de l'étoile et de la baume, duélistes tombant les armes de leur calcite blanche, tentaient l'ascension en vainqueur de la voûte céleste. Les trois cypres, non quatre ou peut-être cinq, apprentis ,compagnons, maîtres tous étriqués dans leur ombre jeté à même le sol, un pré vomissant de chlorophylle sans fleur et pâquerette.
Nous nous dîmes au revoir sans la conviction de ce revoir, et "nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourds, si triste..."  Nous nous tournâmes le dos et en cela la Bise fut perdue.
Chacun dans un coin du monde, un coin de la Baume. La Baume du nord, le Namaste provençal avec ces mystères et ces secrets soigneusement bien gardés, voire jalousement gardés. La Baume du sud , le méridien baigné du soleil, aveuglant et passionnant voire brûlant. Et pourtant c'est un simple caillou qui scinde ces deux coins du monde.
Un simple caillou que l'on peut nommer : "silence".
" Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste... "...CSC_1020---Copie.JPG
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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 18:22

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Une Bise dans la bise

 

Une bise voleuse prit en envol une Bise.

Dans le filet de cette mini tourmente, la Bise

fut prit au piège. Impossible de retrouver les lèvres charnues

qui  l'envoya  et impossible de trouver l'ingénue
à qui elle était destinée. La Bise ne fut jamais venue.

Cette Bise prit dans la bise se crut perdue.

 

L'ingénue se tourmentait

où est donc passée sa Bise  ? Elle attendait.

L'amoureux aux lèvres charnues s'impatientait.

Où est donc passée ma Bise ? Il se questionnait.

La bise les fouettait pourtant de plein fouet, elle les narguait

"J'ai la Bise, attrapez là." Elle les provoquait. 

 

L'ingénue perd patience, et ce vent qui la fouette !

Et Elle tourna le dos à cette bise.

"Tant pis il ne m'aime pas, il peut la garder, sa Bise."

L'amoureux aux lèvres charnues désespère, et ce vent qui le fouette !

Et Il tourna, lui aussi, le dos à cette bise.

"Tant pis, elle ne m'aime pas, elle peut ne pas me la rendre, ma Bise."

 

La bise prise au dépourvue se brisa sur ces dos ainsi surgis

et laissa échapper la Bise si longtemps retenue.

L'ingénue sentit la tourmente fini

et une douce chose mouillée venir sur ces lèvres émues.

Amoureuse, comblée elle rendit cette Bise si attendue

sur les lèvres charnues de son amoureux. Fin du malentendu.


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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 20:09
 

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Le Puisatier

 

Les hommes sont des rustres, ils errent sur la terre sans magie, aveugles aux rayonnements des papillons, des fleurs, des gouttes d’eau de pluie.

Ils ne voient pas au travers des choses l’essentiel. Ils ne sont que des porteurs de graines.

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Si tu n’as pas grimpé au Saint Pilon, de là-haut, embrasser la Provence.

Si ton cœur ne s’est pas égratigné aux sources de l’Huveaune derrière Nans.

Si tu ne sais rien du thym, des abeilles, du vent.

Alors, tu passeras à côté de ta source sans la voir, toute ta vie tu chercheras sans savoir ce que tu cherches, comme le fada que les villageois cruels ont gorgé de pastis.

Tu ne t’apercevras même pas que les cigales se moquent de toi, que les champignons se cachent quand ils t’aperçoivent, que les sentiers que tu suis dans la garrigue retournent sur leurs pas pour te faire bisquer.

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Être puisatier, c’est une fierté.

Il faut le pouvoir, le vouloir.

Certes, le travail est pénible, dangereux, mais les joies qu’on y trouve sont fortes.

Tout commence par chercher, trouver un lieu porteur d’espoir d’eau.

Ce n’est pas évident, pourtant, la Sainte Baume n’est qu’un grand réservoir.

Les sources sont pleines de malices. Elles ont l’art de bien se cacher, elles n’aiment pas être dénudées, mais, quand elle se donne, c’est pour toujours.

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Depuis plus de huit ans, ce puisatier avait renoncé à chercher de l’eau au fond de ses puits.

Un éboulement avait eu raison de ses jambes.

Prisonnier sous la terre il aurait du mourir enterré vivant.

Les Parques avaient dit non.

Il traînait, le cœur séché, désabusé, vivait honteux de la peur qui le tenaillait.

Il n’avait pas creusé de grande quantité de puits, mais ils étaient tous beaux et solides. Il se souvenait de chacun d’eux et en était fier.

Bien sûr, il ne contredisait pas ceux qui lui prêtaient d’avoir fait tout les puits de la région, cela quelque part, flattait sa vanité.

Il s’était consolé dans sa lâcheté en se persuadant qu’il était trop abîmé et vieux pour risquer encore une fois d’approcher l’impossible.

Tranquillement, il terminait sa petite vie, sans rêve, sans futur, sans folie.  Il toupinait, comme ces ânes qui ont tant tourné toutes leurs vies au moulin, qu’ils continuent à la retraite, font des ronds dans le pré.

L’espérance l’avait quitté.

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Mais un jour, la vie lui fit un pied de nez. Au décours d’une visite qu’il faisait à un de ses vieux puits à l’orée d’un bois, il découvrit une source magique. Elle chantait sous la terre, seule la végétation trahissait sa présence. Son chant était si beau que le vieux puisatier se sentit rajeunir.

C’est comme si ses jambes se détordaient, que son dos se redressait, ses doigts se dégourdissaient.

Source secrète, cachée,sourno, qui te fera chanter plus fort ?

Il ne pouvait pas mettre en avant ni ses muscles ni ses rares cheveux pour séduire la source sauvage, (et) depuis longtemps Satan ne proposait plus de contrats.

Mais il avait un trésor qui pouvait tout. Il le gardait précieusement à l’abri de toutes les convoitises.

Il gardait son secret, il s’y accrochait, c’était son Graal, sa Fidèle.


 

C’était un vrai secret. De celui que l’on ne peut que murmurer à l’oreille de celle qu’on aime, l’un dans l’autre.

Sinon, les foyers dans les maisons s’éteindraient, les pierres des chemins éclateraient, les ancolies faneraient.

Il vérifia fébrilement dans les vastes poches de sa blouse qu’il n’avait pas perdu sa clef, il la serra sur son coeur. En Provence, l’eau est tellement précieuse que les puits ont leurs portillons cadenassés, comme si l’eau pouvait être volée.

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Où creuser ? Là, près du pin ? Où là, derrière cette grosse pierre blanche ?

La colline déroule ses courbes, la source secrète camoufle ses appâts.

J’entends son rire étouffé, elle se moque de moi.

Elle dit : « attrapes - moi, grand nigaud ! »

Après de longues recherches, des hésitations sans fin, la certitude trompeuse vous désigne l’emplacement miraculeux,  la porte sacrée qui conduira vers elle.

Elle était là, en contre bas d’une petite falaise ocre, cachée dans les jeunets, protégée par les caoucides, les argéras brûlants des chapacans, des boumians, des indiscrets.

Un coin que même les sangliers du Défend, amateurs de rabasses, ne connaissaient pas.

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Il en faudra de la peine, de la patience, du temps pour l’apprivoiser.

Centimètre par centimètre, jour après jour sans désespèrer.

Sans se dire : « a quoi bon »

Charrier tous les remblais, étayer son travail pour ne pas être enterré d’éboulis, creuser droit, entretenir les outils.

Le soir, assis en face des falaises, on risque de sombrer dans le contentement de soi, la vanité du travail bien fait, la fatuité du philosophe.

Celui qui creuse sans amour ne trouvera jamais la source.

Elle n’est pas sensible à l’or des flatteries talentueuses, ni aux fards culturels.

L’autre danger qui guette le puisatier est sournois.

Plus son travail progresse, plus il a l’impression de s’éloigner de la lumière.

Quant il se repose, perdu, assis au fond de son travail, il lève la tête et n’aperçois qu’un rond de ciel. Ses mains ne touchent que la rude paroi de la roche, ici, il n’y a que des promesses de récolte,de fleurs, d’Amour. Ici, on n’entend ni le vent, ni les oiseaux, ni les arbres.

On n’a même pas froid, nous sommes pareil aux morts, si près d'eux, que parfois, dans le silence on peut les entendre nous aimer, nous conseiller.

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Alors, le puisatier se demande pourquoi il agit ainsi.

Il pourrait être un tranquille spectateur de la vie.

Il pourrait boire l’eau des autres sans se casser la tête.

Il pourrait attendre, bien au chaud, que le mistral ne souffle plus et que les glacières  dégèlent.

Qu'est-ce qui pousse le puisatier à s’écorcher les mains, à se tasser le dos pour trouver quelque chose d’hypothétique et d’imaginaire que tout le monde peut acheter à super U en bouteille plastique d’un litre et demi ?

Qu’aura-t-elle son eau de plus qu’H2 O ? Sont-ce les ammonites fossilisées, le chant des compagnons du devoir, les larmes de Marie Madeleine qui rendront sa source magique ?

Une inquiétude l’assaillit : « et si je n’arrive pas à grimper sur la margelle ? » Il faut dire qu’il n’était pas de la première jeunesse, mais.

L’inquiétude montait : « et si je n’arrive pas à tirer l’eau du puits ? »

Il voyait déjà les yeux rieurs de la source se plisser « Capon dé bon Déou,  « et si j’y tombe dans mon puits , que j’y reste de bonheur, que j’oublie là même qui je suis ! »

La douceur de la nuit naissante le fit sourire,.  La peur s’éloigna comme elle était venue, par le courbe.

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La contemplation des étoiles l’absorba un moment.

Toute son expérience de la vie l’avait quitté. Il se sentait comme un jeune moine puceau, un enfant.

--- « Ce n’est pas facile ; avec « des gants d’argile», aujourd’hui, de vous parler mes FF , de vous dire qui je suis, qui on est. »

 Il craignait de faire craquer toutes les blessures mal cicatrisées de son coeur.

Dans la colline un arbre gémit, la lune gorgée d’eau somnolait, tout semblait attendre.

Il vérifia de nouveau dans ses vastes poches, elle était là, sa clef, rassurante , vivante, elle attendait sa serrure.

Malgré le froid il était parti dans les rêves sur la route qui mène à la grotte, là-haut.

 Le givre pénétrait le puisatier.

Il se fraya un chemin de par les genévriers et les buis.

Seules crépitaient encore quelques rares étoiles frileuses, trois nuages perdus déchiraient l’horizon, l’hiver tendait la main sur nous tous.

Alors, le puisatier regarda son cœur rapiécé, ses pieds usés de chemin parcouru, ses mains qui avaient cru saisir la terre entière.

Il sourit, les tendit pour posséder ce rêve, cette source sauvage qui s’offrait à lui. Il ne trouvait pas les mots, la musique, pour dépeindre son nouveau regard sur l’existence.

Il s’inquiétait, assis contre l’oratoire.

Et si son inspiration le quittait ? S’il devenait stupide comme ces guêpes qui obstinément cherchent à passer à travers les vitres ? Que ferait-il au fond de son puits sec, sombre, devenu le tombeau des regrets ?

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Pourquoi fallait-il qu’il se tourmente ainsi ?

Il y a des portes que l’on franchit rarement dans sa vie. Il avait assez vécu pour le savoir. Ces instants miraculeux sont fugitifs. Ils éclairent nos yeux aveugles. Ils jalonnent notre course comme autant de phares qui de leurs fanaux clignotants ponctuent les vides sombres du temps.

Le Mistral s’était réveillé, frottait le calcaire tâché de chênes kermes; associé au froid, il poignardait les oliviers silencieux qui s’étaient regroupés en troupeau .

Des restanques dévalaient des nuages de feuilles que les arbres apeurés sacrifiaient au  maître vent.

Le puisatier était malade.

Mistral pouvait crier, Hiver fouetter, Olivier geler.

Il mettra sa pèlerine.

 Il devait tout réapprendre, il avait tout oublié.

Qu’importe les griffes du genévrier, les piqûres du houx , ses tâtonnements d’infinis respects .

La montagne à gravir ne lui faisait plus peur,

"Je n’ai que mes chaînes, mes cicatrices, mes croûtes à offrir.

Des bouquets de fantômes, des colliers de regrets, des bagues de deuils !" marmonnait-il.

Il est des cicatrices qui n'en sont point mes F.F., ceux qui grattent leurs croûtes le font dans le seul but d'aller mendier sur le parvis des temples.

Fallait-il que la source soit profonde pour accepter de tels présents .

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Fallait-il que le puisatier soit aveugle pour ne rien voir !

Non, non ! ce n’était pas une chimère qui obsédait cet homme, ce n’était pas son reflet dans l’eau, ni la conquête du soleil, mais simplement, miraculeusement, la passion de la  source.

Elle était pour lui devenue plus vitale que l’air, plus indispensable que le pain. Il comprenait le désespoir d’Ugolin.

Le pauvre puisatier ne pouvait plus faire de philosophie, il était dévoré, brûlé par ses sentiments, dépassé par son corps.

Alors, il pouvait en raconter des histoires, puisqu’il ne pouvait pas aller lui cueillir des fleurs, il pouvait faire jaillir des sentiers d’étoiles, des pins enchantés, des roches blanches, des Saintes Baumes vibrantes…

Il ne pouvait lui offrir que de l’impalpable, des caresses de caresses.

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 Il reprit sa pioche et sa pelle, avec cœur, il attaqua la roche bien dure, il savait qu’elle était là , qu’elle l’attendait.

Il savait qu’un jour, au détour d’un sentier, il trébucherait dans un ravin aride, que sa casquette irait rouler dans les éboulis de l’Huveaune à sec.

Il s’apitoyait sur lui. Il sait qu'elle l'attend dans sa colline imaginaire où tout est beau et pur comme dans regain.

 

Heureusement qu’il peut raconter tout ça aux grillons ses amis et F.F., qui sont, comme chacun le sait, très discrets.  Malgré tout, le puisatier avait de la pudeur.

 


j'ai dit    SL. papa-2-7170_2.JPG

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